Formation au C.R.E.P.S. de Reims du 13 au 15 Nov. 2015.
COMPTE RENDU formation CAMERUP à REIMS
13 au 15 novembre 2015
ENTRETIEN MOTIVATIONNEL – CONNAISSANCES DES ADDICTIONS
QUELQUES BASES
L’entretien motivationnel est une approche de la relation d’aide élaborée par William R. Miller et Stephen Rollnick dans les années 80 aux USA. C’est une méthode de communication utilisée en addictologie permettant de renforcer la motivation et l’engagement vers le changement en cheminant au rythme de la personne aidée.
Les principes
L’accompagnant ne décide rien à la place de la personne. C’est elle qui connait ses faiblesses et difficultés, ses capacités et ses ressources qui lui seront nécessaires pour évoluer. L’accompagnant doit l’accepter telle qu’elle est et croire en sa capacité à évoluer. La motivation au changement ne sera pas imposée de l’extérieur.
L’accompagnant essaye de comprendre comment la personne perçoit son monde, il est dans l’empathie.
Il valorise, respecte sans rien imposer, mais en suggérant et offrant des choix.
Les difficultés créées dans la situation actuelle peuvent générer une envie de changement. Mais il peut y avoir aussi des avantages, d’où l’ambivalence. Il revient à la personne aidée et non à l’accompagnant de résoudre cette ambivalence. On utilise la balance motivationnelle : les bénéfices, les couts. On évoque aussi les pires et les meilleurs scénarios. La persuasion directe n’est pas une méthode efficace pour résoudre l’ambivalence.
L’accompagnant ne doit pas aller trop vite ni vouloir trop bien faire, mais rester au stade de changement où se trouve la personne sans imposer son point de vue. Il chemine avec la personne par étapes successives à son rythme. Il peut y avoir des résistances positives, des temps d’arrêt, des retours en arrière qu’il faut savoir accepter et font partie du processus. C’est la personne qui détient sa solution. L’accompagnant l’aide à construire un plan d’action en fonction des décisions qu’elle a prises elle-même.
Il ne s’agit pas d’argumenter, mais de poser des questions ouvertes, de mettre en évidence les forces et ressources, de reformuler et résumer ce que dit la personne en lui demandant si on a bien compris. Et l’accompagnant informera des solutions et outils possibles.
Quand le changement est engagé avec des modifications de style de vie, les difficultés qui apparaissent demandent du soutien et de l’encouragement. La reconsommation peut survenir, mais peut être nécessaire à la réussite finale du processus.
Connaissances des addictions
La politique publique relative aux drogues s’est orientée vers une prise en compte indifférenciée des diverses substances psychoactives. On parle d’addictions au sens large qui rassemblent les produits psychoactifs licites et illicites et également les comportements addictifs sans produit. Dans l’accompagnement, on ne focalisera pas sur le produit, mais sur la personne et sa souffrance. Nos mouvements d’entraide ne se sentent pas toujours à l’aise avec les consommateurs de produits illicites. Cependant, c’est une réalité déjà ancienne de prendre en compte les addictions associées à l’alcool dont la plus courante est le tabac.
On notera qu’on ne parle plus de drogues douces et drogues dures.
Les drogues produisent différents types d’effets :
- dépresseur du système nerveux : elles agissent sur le cerveau en ralentissant certaines fonctions (respiratoires notamment) ou sensations. Effet secondaire fréquent : endormissement.
- Stimulant : elles accroissent les sensations et certaines fonctions organiques comme le rythme cardiaque ou encore la sensation d’éveil… Contrecoup : par exemple des sensations inverses de fatigue et d’irritabilité.
- Hallucinogène : elles modifient les perceptions visuelles, auditives et corporelles. Ces modifications sont très dépendantes du contexte et de l’usager.
- Stimulants-hallucinogènes : elles stimulent les sensations et certaines fonctions organiques tout en produisant des distorsions de perceptions, mais de manière moins marquée qu’avec un hallucinogène.
- Les drogues difficiles à classer (on parle par défaut de « perturbateurs ») : elles peuvent avoir les effets de plusieurs des catégories précédentes sans avoir rien de spécifique.
CLASSIFICATION ACTUALISEE DE LEWIN
Euphorica : les opiacés
- l’héroïne
- les codéinés
- les morphiniques
- les morphinomimétiques dont les médicaments de substitution
Phantastica : psychodysleptiques
- les hallucinogènes d’origine végétale
- le psilocibe, l’amanite tue-mouche,le peyolt
- le LSD 25
- le cannabis
- le PCP, l’artane
Inebriantica
- l’alcool
- le tabac
- les solvants organiques
Hypnotica
- les barbituriques
- les tranquillisants
Excitancia
- la cocaïne
- le crack
- les amphétamines dont l’ecstasy
- le Khât, le flunitrazepam, le GHB
La stratégie de réduction des risques en matière de drogues illicites grâce aux « boutiques » notamment permet un accès au matériel d’injection et d’inhalation à usage unique, aux soins de santé primaire et à des traitements (hépatites, VIH, abcès, plaies).
La substitution (méthadone, subutex) ° est un moyen de prise en charge sans que l’abstinence soit exigée permettant de sortir de l’illégalité, d’améliorer les conditions de vie et de se resocialiser.
Les CAARUD reçoivent les usagers de drogues qui ne sont pas engagés dans l’arrêt de leur consommation. Ils proposent un accès à des douches, mais aussi à des lave-linge. Au-delà de ces services, il s’agit de proposer à ces usagers vulnérables un refuge, une pause, la possibilité d’un échange à travers une rencontre.
« La loi et l’éthique du thérapeute est qu’il n’est d’autre démarche qu’humaine, modeste, relative. Il n’y a pas de victoire des critères normatifs sur les valeurs de plaisir et de la rencontre avec Dieu; car le thérapeute n’a pas à dire si la prise des produits est bonne ou mauvaise. Il a à prendre en charge des situations de souffrance laissant le libre choix de sa vie à tout sujet qui se confie à lui. Encore faudrait-il ne pas l’oublier ! »
C.Olivenstein.